TNA, ROH, NXT: même combat?

Aujourd’hui, pour ne pas passer pour un guignol sur internet quand on aime la lutte professionnelle, il faut respecter quelques règles.

1. Encenser sans aucune modération la NXT.
2. Dénigrer en permanence la TNA.
3. Glorifier la ROH ou la NJPW (même si vous ne les regardez jamais, ça marche aussi).
4. Donner son avis sur toutes les storylines de la WWE en faisant des références à des évènements passés (Et c’est souvent l’Attitude Era).

Ceci peut vous paraitre réducteur. En effet. Mais c’est malheureusement la tendance sur les réseaux sociaux. Il y a plusieurs façons d’apprécier notre passion mais pour combien de temps?


Dans le passé, la concurrence entre promotions a vraiment existé. Aujourd’hui, l’hypothèse d’une guerre comme celle que la WWE a connue face à la WCW relève plutôt de la science-fiction. Mais la WWE a bel et bien été mise en difficulté par le passé. Et si des structures beaucoup plus modestes n’étaient pas de taille à faire trembler la WWE, en offrant des alternatives elles ont tout de même poussé cette dernière à adapter son programme.

On peut évidemment citer la ECW qui proposait des matchs à la fois très techniques et très spectaculaires. Quand j’ai reçu mes premières VHS d’ECW en 1999, des lutteurs comme Super Crazy ou Rob Van Dam m’ont scotché ! Tout aussi extrêmes mais moins glorieux, les matchs « hardcore » ressemblaient plus à des démonstrations d’outils de jardinage qu’à de la lutte pro. Mais même ces types de matchs ont été adaptés à la WWE… Mais avec la petite touche WWE qui peut rendre un match tellement ridicule qu’il en devient un chef d’œuvre et un bon moyen de se fendre la gueule. Rappelez-vous de cette pépite : Show vs. Kane en voiturette !

L’autre grande réussite des petites fédérations indépendantes, c’est leur capacité à fédérer un public fidèle et chaud comme la braise pendant les shows. C’est l’atout majeur de ces organisations. Les fans se sentent réellement partie prenante du projet et veulent donner de leur personne pour participer au succès de la fédération qu’ils soutiennent.

Pour le téléspectateur, l’osmose entre tous les acteurs (lutteurs, fans et promoteurs) et l’ambiance surchauffée des petites salles séduisent tout de suite : Enfin de la vraie lutte ! Ça va changer des shows poussifs de la WWE !

Mécaniquement, on se sent entrainé par cette atmosphère positive et on se prend à rêver de voir ces petites promotions exploser et rivaliser avec le gros monstre de Vince McMahon. C’est humain, on est toujours pour le petit outsider.

« E ! C ! Dub ! » « E ! C ! Dub ! » « E ! C ! Dub ! »

« N ! X ! T ! » « N ! X ! T ! » « N ! X ! T ! »

« T ! N ! A ! » « T ! N ! A ! » « T ! N ! A ! »

TNA ? Vraiment ?

Oui et non. La TNA est un cas à part.

En 2001, la WWE achète la WCW et met ainsi un terme à la guerre des ratings. La promotion des McMahon règne en maître sur la monde du catch.

En 2002, Jerry Jarrett crée la Total Nonstop Action Wrestling. En se rapprochant de la National Wrestling Alliance, les officiels de la TNA vont dealer l’exclusivité du titre mondial NWA. Grâce à cette entente, la TNA s’impose rapidement comme une compagnie incontournable dans le monde du catch « old school ». La promotion va devenir de plus en plus importante. La recette de son succès (mesuré) est assez confuse. Elle mélange donc cette ambiance « old school » avec des innovations dans les règlements, avec la X division ou encore avec son ring à six côtés. A mesure que les ratings augmentent, les dirigeants de la TNA se voient-ils comme les remplaçants de la WCW ? En tout cas, l’enveloppe des shows ressemble fortement aux productions de l’ancienne promotion.

L’enveloppe… et puis bientôt le contenu, les acteurs… et la totalité du show.

Le 04 janvier 2010, les dirigeants de la TNA se sentent prêts à affronter la WWE en face à face, le lundi soir. C’est le grand retour de la Monday night war ! Mais en beaucoup, beaucoup plus « cheap ».

On rameute tous les rescapés : Kevin Nash, Scott Hall, Sean Waltman, Ric Flair, Eric Bischoff et bien sûr Hogan. Dans un segment qui sent méchamment le formol mais tellement jouissif pour les nostalgiques de la WCW, Hogan explique (en gros) à Hall et Waltman que les règles ont changé et que tout ceci n’a rien à voir avec l’époque de la NWO. C’est tout de même une drôle de façon de dire qu’on assiste pas à un remake de la WCW avec Nash en backstage, Flair qui descend d’une limousine et surtout avec le thème d’entrée de Hogan qui n’est autre que la musique de la NWO rejoué au clavier Bontempi 8 bits en changeant 2 ou 3 notes pour des problèmes évidents de copyrights.

Saluons tout de même la performance. Les gens de Spike TV s’attendent à faire un score de plus ou moins 1,5 millions de téléspectateurs. A noté qu’en face, il y a du beau monde avec le retour de Bret Hart à RAW après 12 ans d’absence. Malgré cet évènement, la TNA fera un score de 2,2 millions de téléspectateurs avec une pointe à 2,9 millions au moment de l’entrée de Hogan. Ce record clôturera une belle année 2009 avec une moyenne annuelle de ratings à 1,14 (Source: gerweck.net).


Ensuite, le déclin de la TNA commence, accompagné de gros problèmes financiers. A l’heure où j’écris, les ratings de janvier 2010 représentent toujours le record et aujourd’hui la promotion est aux abois… Les problèmes financiers paraissent insurmontables et les derniers grands noms ont claqué la porte à l’image de Bobby Roode.

Paradoxalement, depuis 2002, la TNA est la promotion qui a le mieux réussi face à la WWE mais en utilisant de mauvais ingrédients.

La Ring Of Honor (ROH) est apparue à la même époque que la TNA. Financièrement moins puissante, elle choisit une autre stratégie. La ROH s’est focalisée sur la nouvelle génération de lutteurs et sur la qualité des matchs proposés. Le succès de la ROH est moins spectaculaire que celui de la TNA mais cette promotion profite d’un grand soutien de toute la communauté des amateurs de catch technique. Le fameux « code d’honneur » renforce cette volonté de privilégier la performance sportive aux storylines et aux baratins de 25 minutes au micro. Le moins qu’on puisse dire, c’est que cette démarche est un succès TOTAL. Pensez simplement que la ROH a fortement contribué aux succès de lutteurs comme Bryan Danielson (Daniel Bryan), CM Punk, Samoa Joe, Tyler Black (Seth Rollins) ou encore Kevin Steen (Kevin Owens) !


Mais alors, avec une telle qualité de match et cette capacité à révéler de nouvelles stars, cette promotion devrait exploser ?

Non.

Le monde de la lutte professionnelle, ça ne marche pas comme ça. Le monstre WWE coté en bourse est venu faire son marché et a enrôlé tout ce beau petit monde. C’est bien légitime : la promotion #1 veut compter dans ses rangs les meilleurs lutteurs de la planète. Du point de vue des recrues également, on peut comprendre leur enthousiasme à s’engager avec une compagnie qui pourra faire d’eux des stars et qui a les moyens de leur proposer un contrat plus qu’alléchant.

Ce qui m’amène à relativiser le succès de la NXT. Tout le monde est d’accord pour dire que ce show est LE show du moment. Tous les ingrédients sont là : du catch à son meilleur, des jeunes lutteurs en pleine ascension, les petites salles surchauffées mais… En plus… C’est beau ! Visuellement, la production est parfaite. L’habillage des shows est moderne, coloré presque feutré. Les « smarts », à qui on ne la fait pas, vont pouvoir se concentrer sur le catch dans le ring et uniquement dans le ring ! Dehors les gamins qui veulent voir des superhéros de la « PG Era ». Ils arborent leur plus beau t-shirt et prennent leur grosse voix pour crier N ! X ! T !

La WWE se concurrence elle-même ?

Non ! Elle écrase justement sa concurrence avec ce nouveau produit qui prend les codes de promotions comme la ECW ou la ROH. Et là où c’est injuste, c’est que la NXT profite de l’aisance financière de la promotion de Vince McMahon. De l’argent pour proposer un programme bien mieux produit mais aussi pour s’offrir n’importe quel talent (Exemple avec Nakamura début 2016).

Je ne manque aucun show de la NXT. C’est un excellent show. Je le recommande à 100%.

Mais je pose juste une question :

Est-ce vraiment une bonne nouvelle de voir tous les meilleurs lutteurs de la planète intégrer la WWE ou la NXT ?

Aurons-nous encore une alternative aux shows de la WWE dans 10 ans ? Pourquoi les promotions indépendantes continueraient-elles à former de nouveaux athlètes ? Pour les voir signer avec la WWE quand enfin ils pourraient devenir des têtes d’affiche ?

Un peu de morale ne ferait pas de mal. A la NJPW, les lutteurs sont si fidèles, que les contrats ne sont d’une durée de seulement un an… Enfin… étaient parce c’est en train de changer (sûrement suite à la perte d’AJ Styles, Nakamura, Karl Anderson, Luke Gallows…). A la TNA, tout le monde se barre suite à l’annonce des problèmes financiers… Bonjour la loyauté.

La vie de lutteur est une vie de sacrifice. On ne peut pas blâmer ces lutteurs qui acceptent de signer à la WWE et on ne peut pas blâmer non plus la WWE de faire la chasse aux meilleurs talents. Le monde de la lutte est ainsi en 2016.

Pour les « smarts », la NXT est le meilleur show du moment.

Si nous sommes si « smarts » que ça, prenons un peu de recul et demandons-nous pourquoi avant de crier au génie et par pitié…

Stop au TNA bashing !

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Le Jobber


https://lejobber.wordpress.com/2016/04/24/tna-roh-nxt-meme-combat/